• Les raisins de la colère

• Issue de cette première génération, un espoir de fécondité, surveillée la petite fille l'était comme ces autres grâce juvéniles destinée. Sage, prévenante, douce ; elle écoutait timidement la beauté les leçons de morale ces assassinats de mental, assise au loin l'air rêveur, sur ses lèvres des songes baignés d'amer.

• Sa vie formentée, un mariage établi dont le nom du conquérant se bruisse en ses oreilles décorées de bijoux innocents ; treize ans l'âge décisif des analyses ; son ventre peut-être pour des descendants cajolé. Le glas tombe, sombre et triste dans le linceul de sa perte : stérile, inutile, abandonnée, jetée au parvis de ce palais.

• Perdue, affolée, brisée ; l'enfant se noie entre les rues nauséabondes de Rome cherchant un abri pour les nuits à venir, ces obscurités fortuites, ces labeurs d'existence ; les cieux éclairent alors le fleuve de la passivité, un suicide songe-t-elle la mélancolique car de son être vide elle ne se sent plus capable. Une main se tend, paume virile, masculine, empêtrée d'intelligence et de bonté Adina s'écroule sur le torse de l'homme bienfaisant.

• Sur le terrain à présent elle apprend les dérives nocturnes d'aider les fugitives celles fécondes ce fardeau sur leur dos de marbre usé pour accoucher ces merveilles de bébés. Admirative toujours le lien maternel de cette vierge à l'enfant lui semble pétri de magie. Mariée également elle désespère, ces aurores de lucidité, car jamais sa matrice n'accueillera le présent d'une vie propre. Elle contemple ces autres, ces acteurs bienheureux qui se fondent dans les limbes du réseau protecteur grâce à son phénix embrasé. Femme de lettre, il lui arrive d'écrire des monceaux de roman à l'ombre de sa table de travail, la plume gratte le papier ; des lettres qu'elle étoffe, qu'elle cache pour les générations futures.

• Garçon des terres oubliées, de l’utopie formatée. Petit orphelin des rues, il court avec ses camarades, de jeux qu’il invente. L’imagination est sa force, cette capacité à ne pas entrevoir la réalité, à toujours transformer le réel.

• Vit dans un orphelinat jusqu’à seize ans. L’âge demande un choix : retourner à la rue, ou s’engager dans l’armée, rejoindre le corps des soldats, de ces patrouilleurs envoyés aux confins de l’île. Il accepte, petit guerrier curieux qui se soumet à la discipline rigoureuse puis c’est l’envoi en terre inconnue, ravagée par les infectés. Quelques combats, quelques batailles victorieuses.

• Le sang sur ses mains, il le refuse, y voit un danger. La couleur rouge devient sa phobie. Il l’écarte, rejette son uniforme, rend les armes. Le soldat s’enferme dans une tour d’ivoire, au revoir les cadavres, au revoir la cité. Il devient la figure fantomatique, l’érudit dans son château de cartes.

• Trente six ans. L’Echange le nomme pour partir à Rome. Pas d’explication. Il faut quitter les terres de l’enfance, rejoindre l’inconnu. La cité éternelle lui offre un poste de professeur à la villa médicis, enseignant de la stratégie militaire, il accepte, à contre coeur, sait qu’un refus couterait sa tête sur l’échafaud.

• Serpent qui se faufile dans le système. Les esprits des enfants sont malléables à ses paroles, il enseigne différemment, cherche à éveiller leur curiosité, puis leur révolte. C’est Rome qu’il veut faire tomber, elle et son système pourrissant.

• Ombre solitaire elle sillonne les rues la belle justicière, le murmure sur les lèvres closes on la surnomme l'amazone de ces légendes lointaines ; c'est une mère pour les abandonnées ces fillettes graciles immaculées goudronnées de pauvreté. Elle gère son réseau illicite, illégal de vermeille beauté, d'interdits envolés ; en son coeur battant elle ressent l'adrénaline du danger. D'une maison close liberté, elle a enseigné auparavant à ses colombes de soleil les préceptes de l'égalité.

• Capable du pire, elle chevauche brûlante son destrier de feu ; douce également elle cumule les points forts devenant faible à l’ingérence de ses émotions ravagés ; un torrent de sable sec qui s'enfoncent dans les ténèbres à chaque pas foulant les territoires ignominieux. Elle a le fardeau du mal du siècle cette révoltée, ce cafard increvable, cette femme stérile qui pèche ses enfants dans l'étroitesse des bidonvilles. Calme c'est le ruisseau, le fleuve ingénieux qui tempère les démons, intelligente elle se fond dans cette masse informe, indépendante elle laisserait les martyres sacrifiés au béton de l'armé.

• Elle a vu les lois incohérentes, ignobles, fallacieuses des mains rouges de ces apôtres obscènes, elle a lu oui beaucoup goûtant aux saveurs des essais ; philosophe à son passe temps favori elle écarquille des pages noircies à la chandelle d'une lueur tamisée, secrète refoulant ces œuvres sous le manteau à ses grâces fidèles. Tout le jour à observer les vivants elle s'enferme à l'aube pour les pensées, l'aurore elle vole, marchande des objets antiques à la valeur indicible qu'elle entrepose dans sa caverne de collectionneuse.

• Aînée de marbre, chanceuse d'avoir vécu aux côtés de ses parents riches égarés de la société, des rebelles insomniaques offrant le couvert et le pain à leurs deux filles amusées. Elles ont été choyées, dorlotées, éduquées, cachées ; elles ont été douces, dynamiques, intéressées, curieuses par les mots encensés. Mais le tonnerre de son ravage affolé incendia l'antre tapissé de joyeuseté par l'homme implacable. Deux charognes répugnantes écho à ses cauchemars. Elle ne souffre plus ces êtres barbus, grogne la sauvage quand une main virile l'attrape, refrène une pulsion meurtrière (poignard qu'elle garde toujours sous sa manche) lorsque le vers imite le triomphe.